04 décembre 2011

Chronique de la crise (1)


La semaine a été marquée par le discours de Nicolas Sarkozy à Toulon. On nous promettait un grand discours qui nous expliquerait les raisons de la crise et les efforts à faire pour s’en sortir.
Un discours comme ça, ce n’est pas monnaie courante. Ça marque. C’est pour les grandes occasions.
Le discours du président a surtout été un discours de candidat en campagne, agressif envers son principal adversaire politique. Quant à la crise européenne, et le déficit public de la France, le candidat a voulu surtout n’en porter aucune responsabilité, rejetant la faute soit sur 30 ans de gestion tout gouvernement confondu, soit sur la gauche, ses trente-cinq heures et la retraite à soixante ans.
Nicolas Sarkozy a donc raté une occasion d’être un grand président, un grand chef d’Etat. Il est ce qu’il est : une bête politique.

Tout le monde sait que les dirigeants français et allemands ne sont pas d’accord. L’Allemagne, qui a déjà fait les efforts, ne veut pas payer pour les autres tant qu’elle n’a pas les garanties que les aides seront bien employées.
Ça me fait penser à Churchill en 40, à qui les français demandaient d’envoyer toujours plus d’avions pour défendre une France en déroute. Churchill ne voulait pas laisser tomber la France, alors il envoyait les avions mais il les perdait dans la catastrophe. C’était comme les jeter par les fenêtre. Alors à un moment il a dit stop. Il fallait bien qu’il en garde pour défendre l’Angleterre au cas où la France perdrait la guerre. Ce qui s’est passé. On lui en a voulu à mort. C’était juste du bon sens.
L’Allemagne, aujourd’hui, ne veut pas gaspiller ses forces en vain. Aider des pays qui n’offrent aucune garantie de désendettement ni de bonne gestion, c’est comme jeter l’argent par les fenêtres. Et gâcher tous les efforts que l’Allemagne a déjà faits.

On comprend bien que l’Europe ne peut s’en sortir qu’à mettre en place une plus grande intégration. C’est à dire en gros un gouvernement économique européen, et les mêmes règles budgétaires, fiscales, voire sociales pour tout le monde. Bref, soit l’Europe s’écroule, soit elle prend le pas sur les nations. C’est le fédéralisme.
Mais pour l’instant, Sarkozy et Merkel ne s’entendent pas là-dessus. Ils ne s’entendent pas alors qu’on doit changer de monde. Ils ne sont peut-être pas faits pour ce tournant historique.

Delors vient de faire une nouvelle sortie. Après celle d’il y a quelques semaines qui était alarmiste, maintenant il dit que l’euro était voué à l’échec. Je me demande s’il n’est pas devenu gâteux. En tous les cas, manifestement, il n’en a plus rien à foutre et parle comme si sa parole n’avait plus aucun impact. Ce qui est vrai.

Où est Hollande ? Après le discours de Sarkozy, tout le monde parle sauf lui. Il ne veut pas tomber dans le piège du discours de Toulon, à savoir se positionner par rapport à ce que dit son adversaire. Surtout qu’il ne s’est rien dit de très nouveau. Pourtant la crise a chamboulé les plans de campagne et les thèmes de campagne doivent être révisés. Je me demande si Hollande est très à l’aise en ce moment.
Le problème, on le connaît. Il n’y a pas de choix. Hollande et Sarkozy feront la même chose. Ils n’ont pas le choix. La différence se fera à la marge et sur la personnalité. Pour la politique, les solutions seront les mêmes. Tout le monde le sait.
Parmi les commentateurs de la crise en ce moment, palme à Dominique Reynié et Nicolas Beytout, invités récurrents de l’excellente émission de Yves Calvi, « C dans l’air ».

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