28 août 2011

Pourquoi je vais voter François Hollande à la primaire socialiste.


Pourquoi je vais voter François Hollande à la primaire socialiste.
Je ne suis pas de droite. Je ne suis plus de gauche.
Je n’ai pas voté Sarkozy il y a cinq ans. Le bilan du président de la république n’est pas désastreux. Il n’est pas satisfaisant non plus. Ses slogans de campagne, en particulier, ses propositions qui lui ont valu la victoire, ont quasiment tous abouti à l’échec : sécurité, pouvoir d’achat (travailler plus pour gagner plus), fiscalité des plus aisés, ministère de l’identité nationale !
Je ne veux pas cinq ans de plus avec lui.
La gauche me déçoit depuis longtemps. Elle est devenue réactionnaire. Benoît Hamon en porte parole du PS quand Ségolène Royal avait presque gagné la bataille pour devenir première secrétaire. Cette bataille d’appareil douteuse et embarrassante.
J’avais l’intention de voter Strauss-Kahn…
Aujourd’hui, parmi les options offertes, celle de François Hollande me paraît être la meilleure.
Il a su sortir de cette logique d’appareil qui fait ressembler le parti socialiste à une structure d’un autre temps. Il s’est entouré des moins conservateurs : Moscovici, Dray, Peillon… Il propose une vision réaliste, sérieuse. Il est lui-même quelqu’un de très sympathique, intelligent.
Ce n’est pas un visionnaire, certes. Aujourd’hui sa campagne, son discours ne s’appuient pas sur quelques idées très fortes qui font vibrer. Pas encore, ai-je envie de dire. Mais à défaut, il ne dit pas de bêtise, il ne délire pas, il n’est pas soutenu par des gens qui nous ont habitué aux mauvais coups, à la démagogie, aux revirements malsains.
Je pense qu’il fera un bon président et qu’il saura résister à la corruption par le pouvoir.
Ça nous changera, ça nous apaisera.  Il est ouvert, à l’écoute. Ce n’est pas un idéologue.
Aujourd’hui, je pense qu’il est la meilleure solution pour l’élection présidentielle.
Je pense aussi que c’est celui qui a le plus de chance de gagner contre Sarkozy. La gauche votera à gauche. Mais ça ne suffit pas. Il faut aussi le centre. Et le centre ne votera pas Aubry. Sarkozy sera très fort quand il commencera la campagne.  Il saura parfaitement stigmatiser le conservatisme de gauche. Et Aubry, affublé de Fabius, Hamon et les autres aura bien du mal à le contrer. Hollande est armé pour cela. Il est clair et paradoxalement, il est neuf. Il représente la meilleure chance de ne pas rempiler pour cinq ans de sarkozy, de Guéant, de Besson.
S’il perd la primaire, je ne sais vraiment pas ce que je vais faire et je crois que je ne suis pas le seul. C’est pourquoi je le soutiens aujourd’hui. Je trouve bien qu’on puisse choisir notre candidat de l’alternance. Je ne veux pas rester sans rien faire et attendre qu’on m’impose une personnalité.
J’aimerais qu’au second tour, François Hollande parvienne à rallier Manuel Valls. Ça me semblerait logique et prometteur. Je ne doute pas qu’il y parvienne. Je ne vois pas Valls faire campagne derrière Aubry et ses soutiens.
Alors voilà. Je ne suis pas socialiste. Je n’ai pas de soucis à me proclamer sympathisant de gauche s’il le faut pour voter aux primaires, comme je n’ai pas eu de soucis pour voter Chirac contre Le Pen. Il n’y a pas de honte à ça. J’ai beaucoup de sympathie pour François Hollande qui vous regarde dans les yeux quand il vous serre la main sans chercher les photographes. C’est un signe. Il est sain.

23 août 2011

Un deuil violent (6 et fin)



La vérité
La vérité judiciaire a été proclamée.
Certains s’en trouvent frustrés. « On ne saura jamais la vérité » disent-ils. Quelle vérité ? Celle qui peut-être essaiera de se frayer un chemin lors de l’hypothétique procès civil ? Il s’agira alors de la parole de l’une contre la parole de l’autre. La vérité éclatera-t-elle vraiment d’une confrontation de récits ? Il est probable que non. Deux scénarios s’affronteront et l’abandon des charges pour le procès pénal révèle qu’on ne saurait attendre des éléments matériels une quelconque aide pour savoir ce qui s’est réellement passé.
On dit aussi : « la vérité, seules deux personnes la connaissent. »
Est-ce si sûr ? On s’accroche parfois à ses propres mensonges. On y croit sans réserve et on pourrait parfois mourir pour eux. Quand le mensonge va si loin que la vérité peut être létale, le mensonge devient la vérité au nom de laquelle on luttera à mort.
Ce dont ils ont été les protagonistes, peut-être le savent-ils, peut-être ne le savent-ils plus. L’un ment peut-être, oui, c’est possible. On aimerait le croire finalement. Une illusion qui nous resterait après ce maelström de fantasmes. Mais rien n’est sûr et il est également possible que chacun croit à sa vérité sans avoir le sentiment de se mentir ni à soi-même ni aux autres.
Ce qui est sûr, c’est que la vérité judiciaire, elle, a été dite. C’est celle qu’on a aujourd’hui. Et elle nous place devant un immense gâchis, et une véritable honte de ce que peut nous offrir le monde médiatique contemporain.
Le père.
Il a été tué, sans aucun doute. Lui qui voulait toutes les femmes, lui qui pouvait s’offrir toutes les femmes. Lui qui avait le savoir de ce qu’on vit (économie mondiale), lui sur lequel reposaient tant d’espoirs en France. Un espoir de père, de quelqu’un qui nous protège de l’inévitable mondialisation, qui sait y faire et qui serait quand même bienveillant (de gauche).
Il a été tué et la jouissance qui a accompagné le meurtre était à la mesure du traumatisme. DSK était juste un homme ? Il a eu tort de le croire. Non, c’était le père. 
Nous ne voulons pas du père. Nous le voulons mais nous ne le voulons pas. Nous préférons l’un des nôtres. Même s’il nous laisse totalement insatisfait. Sarkozy, par exemple. Celui qui aime l’argent (en tous les cas qui n’en a pas honte), celui, parmi nous, qui a la volonté, la détermination, l’envie. Celui qui est ambitieux, autoritaire, colérique. Celui qui s’agite, parfois pour le succès, parfois pour l'échec. Sarkozy est des nôtres. C’est pourquoi on peut lui en vouloir d’ailleurs. Il a nos défauts. Alors qu'il a le pouvoir.
Mais le père… Celui qui va nous apaiser, celui sur qui on va se reposer, celui qui fort de l’autorité, du savoir, de l’expérience acquise au FMI allait revenir à la maison s’occuper de nous… Celui-là, il aime les femmes dit-on. C’est normal. Le père aime les femmes. Il n’est pas castré comme nous. C’est le père de la horde primitive de Freud.
Eh bien celui-là, on l’abat. C’est la curée. Il prête le flanc et on le coupe en deux.
Le plus cruel, bien sûr, c’est qu’il l’ignorait. Il ignorait ce qui se tramait. C’est peut-être sa faute. Sa vraie faute.