29 novembre 2012

Möbius Journal de Post Prod 11


Semaine sympathique encore.
Il nous restait encore un petit clip d’une trentaine de secondes à insérer dans le film. Une séquence composée d’images d’archives. On a reçu les archives au compte goutte et aujourd’hui encore ce n’est toujours pas complet. Voilà, le montage image n’était pas encore totalement terminé.

Lundi après midi j'avais un rendez-vous avec le boss d’Europa Corp, le dernier à ne pas avoir pas vu le film (à part Luc Besson qui attend la version finale). Bon rendez-vous, accueil agréable, bonne impression sur le film. Mais Patatra ! Il me suggère des changements. Pas beaucoup. Mais certains sont relativement lourds. Pour rendre le film encore meilleur me dit-il. Pour le rendre parfait. Pourquoi pas ? Je suis assez serein maintenant pour accueillir des suggestions.

Il faut que je les digère, que je vérifie si elles font écho en moi, si elles m’inspirent quelque chose. Je ne veux pas ne pas aimer un millimètre de mon film, même au nom de l’efficacité. Ce film est une telle alchimie ! Un thriller vendu par le teaser qui est extrêmement efficace ? Oui mais aussi et surtout une histoire d’amour que j’espère inédite. De la chair tremblante, un fluide d’or en fusion qui coule dans les rouages de la mécanique. Non, ce film n’est pas qu’un thriller. C’est bien plus. Ce n’est pas un film de genre. Ce film est émotionnel. Je le veux palpitant comme un cœur pendant l’amour. JD et CdF ne sont pas là pour jouer une partition mécanique. Ils sont là pour qu’on tremble avec eux, que l’on tremble d’émotion. C’est ce que je leur ai demandé. C’est ce qu’ils ont donné. C’est ce que je veux rendre.

Je réfléchis donc, un peu déprimé, aux suggestions qu’on m’a faites. J’ai peur que le château de cartes si fragile s’effondre.
En plus c’est trop tard. Le montage son a commencé depuis longtemps. La post synchro aussi. Et on n’a plus le temps d’évaluer avec recul les retouches qu’on concèderait. Grosse déprime. Je suis lessivé. Remettre de nouveau le film sur le métier. Nous laissons passer quelques jours pour digérer tout ça. Je ne suis pratiquement d’accord avec rien. J’ai même du mal à comprendre. Et j’ai peur. Peur de distordre le film. Et pourtant nous nous devons d’en tenir compte. Ne serait-ce que par acquis de conscience.

Nous laissons passer un peu de temps, travaillant la post synchro encore. Et aujourd’hui on s’y met de nouveau. Nous essayons quelques trucs cosmétiques. Puis nous osons encore des modifications plus importantes, sachant que tous ceux qui travaillent sur le film vont devoir  de nouveau s’adapter : monteurs sons, monteurs parole, bruiteur, post synchro. Ils vont devoir tous modifier leur travail en conséquence. Virer les sons des plans qui sautent, travailler ceux qui s’ajoutent.
Mais nous sortons relativement contents de cette séance de travail. Nous n’avons pas encore assez de recul pour savoir si ce qu’on a fait est bien. Mais l’impression est bonne.

C’est le problème. A partir de maintenant tout va très vite. Tout se fait en même temps. Je cours à droite à gauche, mettre le nez de la mise en scène partout où je peux. C'est à dire partout. Et l’image qui change encore ! Ça donne le tournis. L’urgence rend chaque modification périlleuse.

C’est la Post Production. Le film continue de se faire à moins de trois mois de la sortie. Ne jamais baisser les bras. C’est parfois terriblement angoissant, déprimant. On a peur de céder, de se déjuger, de se tromper. En fin de semaine prochaine je serai à Bruxelles pour le bruitage. On entre en mixage dans dix jours. Et quand on entre en mixage, le sort en est jeté. L’image est scellée. On ne touche plus à rien. Encore dix jours… avant de mettre un point final à l’image de Möbius.

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