26 mars 2016

Journal de la guerre ( ?) - 1



26 mars 2016, quatre jour après les attentats de Bruxelles

Je ne sais pas si nous sommes en guerre.
On a l‘air d’y être. On se fait bombarder. Les bombes ne tombent pas du ciel. Elles sont trainées sur des charriots dans un aéroport, portées par kamikaze dans les rues.
On se fait tirer dessus à la terrasse des cafés et des cinémas.
Donc nous sommes en guerre. L’ennemi a un nom : Etat Islamique.
Ils veulent un Etat sunnite, là-bas, entre Syrie et Irak.
Bachar El-Assad s’est servi d’eux pour discréditer la rébellion.
Il a réussi.
Vous avec un ennemi qui risque de vous terrasser ? Faites-en un terroriste et tout le monde vous soutiendra.
Israël a joué ce jeu là.
Contre l’intifada il allait perdre.
Personne ne vous soutient quand vous tirez sur des jeunes qui vous jettent des pierres.
Mais ça n’a pas suffit à Arafat. Ça n’a pas suffit au Hamas.
Ils sont passés au terrorisme.
Et Israël a gagné.
Contre une révolte de jeunes à coups de pierre, vous perdez. Tout le monde sera contre vous.
Contre le terrorisme, vous gagnez, tout le monde vous soutiendra.
Transformez donc le jeune en terroriste.

Donc Etat Islamique, une armée de brigands. Comme les nazis.
Ils sont racistes, ils sont génocidaires.
C’est pourquoi on leur a refusé leur Etat.
C’est pourquoi ils nous font maintenant la guerre.

Comment gagner cette guerre ?
En leur faisant la guerre là-bas.
Mais personne ne veut la faire.
Ils servent Bachar, ils servent les Kurdes, ils servent la Turquie, ils servent les Russes, ils servent les Iraniens, ils servent les Saoudiens.
Ils ne gagneront jamais. Mais ils ne perdront jamais si on continue à se servir d’eux.
Ils ne servent pas les Américains, mais ceux-là ont déjà donné en Afghanistan et en Irak. Ils savent qu’on ne fait pas la guerre quand on ne sait quoi faire de la paix.
Les Français, pareil, avec la Libye. Ils ont déjà donné.

On pourrait les écraser. Mais personne ne veut le faire.
Alors le terrorisme.
Alors des terroristes, enrôlés dans une secte nihiliste.
Des voyous qui sortent de prison. Ceux-là, ils auront servi toutes les dictatures, tous les totalitarismes.

La Belgique va avoir du mal à nous convaincre qu’elle n’a pas merdé.
Un aéroport où l’on peut trainer des bombes sur des charriots à roulette, un terroriste qu’on a sous la main et qu’on interroge à peine, des voyous qu’on relâche et qui reviennent en djihadistes malgré les avertissements de la Turquie.
Est-ce que ce sont des mensonges ? De la fausse information ? On verra bien.
Ce qui est sûr : la Belgique a été considérée comme une bonne base de départ par ces terroristes.
On verra pourquoi.

Alors maintenant le même discours : ça n’a rien à voir avec l’Islam.
Donc l’Etat Islamique, ça n’a rien à voir avec l’Islam ?
Ça me rappelle qu’on disait que le régime communiste en URSS n’avait rien à voir avec Lénine, ou avec Marx. C’était le marxisme perverti.
Peut-on le dire encore aujourd’hui ?
Etat Islamique a à voir avec l’Islam. Comme l’inquisition a à voir avec le christianisme.
Désolé les gars.

Ça n’a rien à voir avec les musulmans. Bien sûr.
Le grand problème : depuis 1979, l’islam est devenu politique. La religion s’est accoquinée avec le pouvoir. C’est devenu l’islamisme.
Depuis ce temps là, le communisme a trouvé son relais.

En 1989 sortait mon film « un monde sans pitié ». Je décrivais une jeunesse héritière de la fin des utopies.
C’est fini.
Ça n’est plus la fin des utopies.
Quand on veut les réaliser, on construit l’enfer.
L’Etat islamique veut réaliser son utopie.
Nous on ne veut pas parce qu’on sait que c’est l’enfer.

Alors on reçoit des bombes.